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Dossier sur Antigone

 

 

Dossier sur Antigone

 

Jean Anouilh

    Jean Anouilh est un écrivain et dramaturge français, né le 23 juin 1910 à Bordeaux (Gironde) et mort le 3 octobre 1987 à Lausanne (Suisse). Son œuvre théâtrale commencée en 1932 est particulièrement abondante et variée : elle est constituée de nombreuses comédies souvent grinçantes et d'œuvres à la tonalité dramatique ou tragique comme sa pièce la plus célèbre, Antigone, réécriture moderne de la pièce de Sophocle.

    Anouilh a lui-même organisé ses œuvres en séries thématiques, faisant alterner d'abord Pièces roses et Pièces noires. Les premières sont des comédies marquées par la fantaisie comme Le Bal des voleurs (1938) alors que les secondes montrent dans la gravité l'affrontement des « héros » entourés de gens ordinaires en prenant souvent appui sur des mythes comme Eurydice (1941), Antigone (1944) ou Médée (1946).

    Après la guerre apparaissent les Pièces brillantes qui jouent sur la mise en abyme du théâtre au théâtre (La Répétition ou l'Amour puni en 1947, Colombe en 1951), puis les Pièces grinçantes, comédies satiriques comme Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes (1956). Dans la même période, Jean Anouilh s'intéresse dans des Pièces costumées à des figures lumineuses qui se sacrifient au nom du devoir : envers la patrie comme Jeanne d'Arc dans L'Alouette (1953) ou envers Dieu comme Thomas Becket (Becket ou l'Honneur de Dieu en 1959). Le dramaturge a continué dans le même temps à servir le genre de la comédie dans de nombreuses pièces où il mêle farce et ironie (par exemple Les Poissons rouges ou Mon père ce héros en 1970) jusque dans les dernières années de sa vie.

    Jean Anouilh a également adapté plusieurs pièces d'auteurs étrangers, Shakespeare en particulier. Il a aussi mis en scène certaines de ses œuvres (par exemple Colombe en 1974), en même temps qu'il travaillait à des scénarios pour le cinéma ou à la télévision.

    Antigone est une pièce en un seul acte de Jean Anouilh représentée pour la première fois au théâtre de l'Atelier à Paris le 4 février 1944, durant l'Occupation allemande, dans une mise en scène, des décors et des costumes d'André Barsacq. Elle fait partie des Nouvelles pièces noires avec Jézabel (1932), Roméo et Jeannette (1946) et Médée (1953).

    L’Antigone de Jean Anouilh est inspirée du mythe antique, en rupture avec la tradition de la tragédie grecque. « L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre ».

    Le personnage d’Antigone est l'allégorie de la Résistance s'opposant aux lois édictées par Créon / Pétain, qu'elle juge iniques. Elle refuse la facilité et préfère se rebeller, ne voulant pas céder à une prétendue fatalité... Créon pour sa part, revendique de faire un « sale boulot » parce que c'est son rôle et qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. Anouilh s’inspire du geste de Paul Collette, un résistant français qui avait tiré sur Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, le 27 août 1941. Jean Anouilh, en écrivant cette pièce de théâtre, trouve ainsi le moyen de dénoncer la passivité de certains face aux lois dictées par les nazis. Antigone symbolise la résistance qui s'obstine malgré les dangers encourus. Le public afflue dans des salles chauffées et oublie un temps les horreurs de la seconde Guerre mondiale.

Résumé

    Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste est – à ce titre – le nouveau roi et a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.

    Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, ne veut pas l'accompagner car elle a peur de Créon et de la mort.

    Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l'existence, celle-ci est condamnée à être enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau va être scellé, Créon apprend que son fils, Hémon, fiancé d'Antigone, s'est laissé enfermer auprès de celle qu'il aime. Lorsque l'on rouvre le tombeau, Antigone s'est pendue avec sa ceinture et Hémon, crachant au visage de son père, s'ouvre le ventre avec son épée. Désespérée par la disparition du fils qu'elle adorait, Eurydice, la femme de Créon, se tranche la gorge.

Personnages

Personnages principaux

·         Antigone : fille d'Œdipe, sœur d'Étéocle, Polynice et Ismène, cette jeune fille est l'héroïne de l'histoire qui porte d'ailleurs son nom. Elle est décrite comme « pas assez coquine » par son entourage. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir une volonté de fer (ce qui la poussera à affronter son oncle Créon en essayant d'enterrer son frère).

·         Créon : frère de Jocaste, légitime roi de Thèbes après la mort des deux princes ennemis, Créon est un souverain âgé, réfléchi et courageux. Il nous est décrit comme étant seul (« Créon est seul »), se consacrant ainsi entièrement à son règne dont il assume les sacrifices nécessaires comme la punition de Polynice ou l'exécution d'Antigone.

·         Ismène : sœur d'Antigone qu'elle aime beaucoup (« Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle ! »), mais qui n'est pas très courageuse avant la fin de l'histoire. Néanmoins, elle reste une belle jeune fille « coquette » et raisonnable (« J'ai raison plus souvent que toi ! »).

·         Hémon : fils de Créon et d'Eurydice, fiancé d'Antigone à laquelle il est très fidèle (« Oui Antigone, je t'aime comme une femme »); fidélité qui le conduira au suicide lorsque cette dernière meurt sur les ordres de Créon. Ce fait le poussera également à mépriser son père, qu'il admirait beaucoup auparavant.

Personnages secondaires

·         La Nourrice : vieille dame également appelée « Nounou » par les filles dont elle s'occupe.

·         Le Prologue/Chœur : issue des pièces de théâtre de la Grèce antique, cette « entité » intervient au début du texte pour nous narrer le contexte de la pièce et nous présenter les personnages qui y évoluent. Il réapparait par la suite tout au long de la pièce pour faire avancer le récit ou amener un personnage à la réflexion.

·         Eurydice : femme de Créon qui passe ses journées à tricoter des habits pour les pauvres de Thèbes. Ces derniers « auront froid » à la fin de la pièce car elle se tranche la gorge en apprenant la mort de son fils.

·         Les trois gardes : chargés de surveiller le cadavre de Polynice.

·         Le page du roi

·         Le messager

Le genre:

    Antigone» est une pièce de théâtre publiée en 1944. C'est une tragédie moderne sans actes ni scènes, elle mélange le tragique et le comique, emploie l'anachronisme, rejette la bienséance et le style noble...La structure: Antigone» est une tragédie sans actes ni scènes avec au milieu le chœur qui annonce au public la situation irréversible dans laquelle se trouve Antigone.

 

Résumé d’Antigone en détail :

Scène 0 : le prologue (tous les personnages sont sur scène)

Le prologue présente les personnages, le cadre spatio-temporel et donne des informations sur les évènements qui précèdent : comment et pourquoi Polynice et Etéocle se sont fait la guerre. Créon, leur oncle devint roi et ordonne des funérailles grandioses à Etéocle et interdit Polynice de sépulture.

Scène 1 : Antigone – la nourrice

Antigone rentre au palais à l’aube, elle rencontre sa nourrice qui lui demande d’où elle vient et la soupçonne d’avoir un amoureux. Antigone la persuade qu’elle n’en a pas.

Scène 2 : Antigone - Ismène

 Ismène se réveille tôt elle aussi, contrairement à ses habitudes. Elle veut empêcher sa sœur d’aller enterrer le cadavre de Polynice et l’en dissuader. Elle fonde toute son argumentation sur sa peur de Créon, des attitudes violentes des habitants de Thèbes. Elle a surtout peur de souffrir et de mourir. Antigone rejette tous les arguments de sa sœur qui doit l’aider car enterrer leur frère est leur devoir.

Scène 3 : Antigone – la nourrice

La nourrice constate qu’Antigone souffre et cherche à la réconforter. Antigone fait une sorte de testament concernant sa chienne Douce, ce qui peut montrer qu’elle s’apprête à les quitter.

Scène 4 : Antigone – Hémon

Antigone fait ses adieux à Hémon : elle lui dit de manière catégorique qu’elle ne sera jamais sa femme et qu’ils n’auront jamais d’enfant.

Scène 5 : Antigone - Ismène

Ismène revient pour empêcher Antigone d’aller enterrer Polynice. Cette dernière lui avoue que, trop tard, elle l’a déjà fait le matin même.

Scène 6 : Jonas le garde – Créon – le page

Le garde vient informer Créon que quelqu’un a recouvert de terre le cadavre de Polynice et qu’on a retrouvé une pelle d’enfant.

Scène 7 : Le chœur

L’histoire est à son paroxysme (l’acmé). Anouilh, à travers le personnage du chœur, présente sa conception de la tragédie et du drame.

Scène 8 : Antigone – les trois gardes

Les gardes capturent Antigone et l’amènent au palais. Ils discutent de la prime qu’ils vont toucher et des plaisirs qu’ils vont s’acheter avec cet argent.

Scène 9 : Antigone – Créon – les trois gardes – le page

L’un des gardes informe Créon qu’ils ont surpris Antigone entrain de recouvrir le cadavre de Polynice de terre. Créon demande des explications à Antigone qui garde le silence.

Scène 10 : Antigone - Créon

Créon, s’étant assuré qu’Antigone n’a été vue par personne, veut étouffer l’affaire en tuant les trois gardes à condition qu’elle se taise. Mais il s’aperçoit qu’elle est l’orgueil d’Œdipe. Il décide alors de la convaincre de se marier et d’être heureuse. Devant son obstination, il lui lance à la figure la réalité horrible de son père et de ses frères espérant ainsi lui montrer que son geste est inutile et que son frère ne mérite pas ce sacrifice.

Scène 11 : Antigone – Créon - Ismène

Sur ces entre faits, Ismène arrive décidée à aller enterrer son frère et à partager le sort de sa sœur.

Scène 12 : Antigone – Créon – Ismène – les gardes

Créon appelle ses gardes qui emmènent Antigone. Ismène la suit en criant son nom.

Scène 13 : Créon – le chœur

La conscience de Créon, matérialisée en la personne du chœur lui reproche son acte et lui demande de sauver Antigone.

Scène 14 : Créon – Hémon – le chœur

Hémon arrive en courant, il supplie son père de sauver Antigone car il est le roi ; il peut tout. Créon lui montre que désormais, il ne peut plus rien pour elle. Hémon sort comme un fou.

Scène 15 : Créon – le chœur

Le chœur reproche à Créon d’avoir blessé Hémon à mort. Créon répète qu’il ne peut plus rien faire.

Scène 16 : Créon – le chœur – Antigone – les gardes

Le garde informe Créon que les habitants envahissent le palais. Créon, le chœur, deux gardes sortent aux portes.

Scène 17 : Antigone – le garde

Antigone seule avec le garde, veut savoir comment on meurt. Le garde évite de répondre préférant parler de sa condition de garde et de ses soucis. Antigone lui demande d’écrire une lettre pour elle : cette lettre montre qu’Antigone est consciente que son acte et sa mort sont absurdes et qu’elle regrette de les avoir tous faits souffrir.

Scène 18 : le chœur

Le chœur entre sur scène pour annoncer que c’est fini et que c’est le tour de Créon et des autres.

Scène 19 : Le chœur – le messager

Le messager vient annoncer la mort d’Antigone et le suicide de Hémon qui s’est planté une épée dans le ventre.

Scène 20 : Le chœur – Créon – le page

Le chœur annonce à Créon que sa femme Eurydice s’est donnée la mort elle aussi : elle s’est coupée la gorge. Créon est anéanti mais il est roi et il doit continuer à faire son travail.

Scène 21 : le chœur

Le chœur commente les évènements : l’histoire s’est terminée exactement comme il l’a annoncé. Seuls les gardes continuent à mener leurs futiles petites vies.

 

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