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Lire le début de la scène 1 Antigone

 Niveau : Première année bac

Activité : Lecture

Objectif : Comprendre Antigone au début de la tragédie.

 

Lecture du texte.

 

  Antigone entrouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter.

La nourrice surgit.

La Nourrice : D’où viens-tu?

Antigone : De me promener, nourrice. C’était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas Savoir, tout est déjà rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale. Il faut te lever plus tôt, nourrice, si tu veux voir un monde sans couleurs.

Elle va passer

La Nourrice : Je me lève quand il fait encore noir, je vais à ta chambre pour voir si tu ne t’es pas découverte en dormant et je ne te trouve plus dans ton lit!

Antigone : Le jardin dormait encore. Je l’ai surpris, nourrice. Je l’ai vu sans qu’il s’en doute. C’est beau, un jardin qui ne pense pas encore aux hommes.

La Nourrice : Tu es sortie. J’ai été à la porte du fond, tu lavais laissée entrebâillée.

Antigone : Dans les champs, c’était tout mouillé, et cela attendait. Tout attendait. Je faisais un bruit énorme toute seule sur la route et j'étais gênée, parce que je savais bien que ce n'était pas moi qu'on attendait. Alors, j'ai enlevé mes sandales et je me suis glissée dans la campagne sans qu’elle s’en aperçoive.

La Nourrice : Il va falloir te laver les pieds avant de te remettre au lit.

Antigone : Je ne me recoucherai pas ce matin.

La Nourrice : A quatre heures! Il n’était pas quatre heures! Je me lève pour voir si elle n’était pas découverte. Je trouve son lit froid et personne dedans.

Antigone : Tu crois que si on se levait comme ça tous les matins, ce serait tous les matins aussi beau, nourrice, d'être la première fille dehors?

La Nourrice : La nuit! C'était la nuit! Et tu veux me faire croire que tu as été te promener, menteuse! D'où viens-tu?

Antigone : a un étrange sourire, C'est vrai, c'était encore la nuit. Et il n'y avait que moi dans toute la campagne à penser que c’était le matin. C’est merveilleux, nourrice. J’ai cru au jour la première, aujourd'hui.

La Nourrice : Fais la folle! Fais la folle! Je la connais, la chanson. J’ai été fille avant toi. Et pas commode non plus, mais tête dure comme toi, non. D’où viens-tu, mauvaise?

Antigone : soudain grave, Non. Pas mauvaise.

La Nourrice : Tu avais un rendez-vous, hein? Dis non, peut-être.

Antigone : doucement, Oui. J'avais un rendez-vous.

La Nourrice :Tu as un amoureux?

Antigone : étrangement, après un silence, Oui, nourrice, oui, le pauvre. J’ai un amoureux.

La Nourrice : éclate, Ah! c'est du joli! c’est du propre! Toi, la fille d'un roi! Donnez-vous du mal; donnez-vous du mal pour les élever! Elles sont toutes les mêmes! Tu n'étais pourtant pas comme les autres, toi, à t’attifer toujours devant la glace, à te mettre du rouge aux lèvres, à chercher à ce qu’on te remarque. Combien de fois je me suis dit: «Mon Dieu, cette petite, elle n'est pas assez coquette! Toujours avec la même robe, et mal peignée. Les garçons ne verront qui se mène avec ses bouclettes et ses rubans et ils me la laisseront sur les bras.» Hé bien, tu vois, tu étais comme ta sœur, et pire encore, hypocrite! Qui est-ce? Un voyou, hein, peut-être? Un garçon que tu ne peux pas dire à ta famille: «Voilà, c’est lui que j'aime, je veux l'épouser.» C’est ça, hein, c’est ça? Réponds donc, fanfaronne!

Antigone : a encore un sourire imperceptible, Oui, nourrice.

 

Question :

Peut-on comprendre Antigone, le personnage principal, à partir de cet extrait de la scène1 ?

    Antigone est une jeune fille ferme. Elle a quelque  chose de secret. Elle est sortie au petit matin et revenue  en cachette : «Antigone entrouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main »

    Antigone est contemplative. Elle apprécie la beauté des choses qui l'entourent, ce qui montre son goût pour la poésie, les couleurs, le calme et la nature : «: De me promener, nourrice. C’était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas Savoir, tout est déjà rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale »

    Antigone est  une "femme-enfant" ,car elle est encore très attachée aux liens familiaux. Sa nourrice la considère encore comme une jeune fille naïve et innocente :  «  je vais à ta chambre pour voir si tu ne t’es pas découverte en dormant » De son côté, Antigone témoigne d'une grande sensibilité car elle s'exprime avec des mots simples mais aussi avec des tournures de phrases étranges, à la manière d'une enfant :  « Tu crois que si on se levait comme ça tous les matins, ce serait tous les matins aussi beau, nourrice, d'être la première fille dehors? ».

    Antigone est si calme, gentille, tendre et honnête avec la Nourrice. Elle répond aux questions de son éducatrice. Elle avoue son amour :  « Oui, nourrice, oui, le pauvre. J’ai un amoureux ». La jeune princesse n’est ni menteuse ni mauvaise. C’est une fille aussi grande pour un devoir qui dépasse le bonheur ou l’amour de Hémon.

Remarque :

    Si nous lisons toute la première scène de la tragédie « Antigone » de Jean Anouilh, on peut dire qu’Antigone est un personnage pathétique : L'atmosphère de la scène est très intime et très tendre car on découvre facilement la complicité et l'amour qui existent entre Antigone et sa Nourrice, qui fait office de figure maternelle. Cependant, la scène est également grave et tragique, car la Nourrice gronde Antigone en pensant qu'elle fait le mur pour voir un jeune homme, alors que la réalité est bien plus sombre parce que Antigone s'aventure pour enterrer le cadavre de Polynice.

 

 

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